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artist : FRUSTRATION

Release date : October 18, 2019
genres : post punk / coldwave
format : CD / LP / DIGITAL
reference : BB123

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BORN BAD SHOP

FRUSTRATION – SO COLD STREAMS

ENGLISH TEXT BELOW

Durant les années 90, quel que soit l’endroit où vous viviez en France, vous pouviez voir certains groupes entre 5 et 10 fois par an – parfois même sans vraiment le vouloir. Des types qui jouaient tellement, tout le temps, partout, qu’il était impossible de passer plus de trois mois sans se retrouver à un de leurs concerts. Jusque dans le fin fond du Var ou du Jura, ils ont poussé des tonnes de gamins à monter leur groupe ou leur fanzine, à accéder à quelque chose de différent. C’était plus que de la musique. C’était un esprit, une idée. Une façon d’envisager le monde.

Les règles du jeu ne sont désormais plus les mêmes. La musique n’a plus le même poids, les groupes sur lesquels on tombe entre 5 et 10 fois par an – parfois même sans vraiment le vouloir – sont rarement les bons, et les gamins du fin fond du Var ou du Jura ont autre chose à faire que de monter des groupes ou des fanzines. Mais l’esprit et l’idée sont toujours là. Et, ces 10 dernières années, en France, aucun groupe ne les a incarnés mieux que Frustration.

Comme les tous ces groupes, Frustration on les a vus 5, 10, 100 fois – parfois sans vraiment le vouloir. Et parce qu’on n’est plus tout à fait les mêmes non plus – plus informés, plus occupés, plus blasés, moins facilement impressionnables – on s’est à chaque fois dit qu’on en avait fait le tour, que tout leur petit cirque commençait à bien faire. Mais à chaque nouveau concert, à chaque nouveau disque, on replonge. Parce que le feu brûle toujours, parce que la passion est toujours intacte, parce qu’ils n’essayent pas de passer pour ce qu’ils ne sont pas. Parce que quelque part, au fin fond du Var ou du Jura, certains gamins ont toujours besoin d’envisager le monde autrement.

On ne s’attendait toutefois pas à un disque comme So Cold Streams.

À ce stade du championnat, Frustration aurait en effet pu se contenter de sortir un disque sensiblement identique au précédent, intense, abrasif, honnête mais sans risques, et continuer à remplir les salles sans que personne ne trouve à y redire en s’avançant doucement vers une sortie aussi digne qu’inévitable. Mais dès les premières mesures d’ « Insane », pilonnage électro-punk insensé qu’on croirait tout droit sorti d’un maxi d’EBM millésimé 1988, on réalise que le scénario ne va pas se dérouler comme prévu. Plutôt que de s’aménager une routine confortable, Frustration a enregistré son cinquième album comme si c’était le premier, comme un groupe formé depuis 6 mois qui n’aurait rien à perdre et une sérieuse envie d’en découdre.

Si la cavalerie post-punk est toujours présente (batterie martiale, basse élastique, guitares en délit de fuite), So Cold Streams surprend par l’énergie, la virulence de certaines paroles et les nombreuses prises de risque, de « Brume », cauchemar aux sonorités industrielles hurlé en français, au très pop « Lil’ White Sister » qui lorgne étonnamment du côté des Smiths et d’Echo & The Bunnymen, en passant par le sinueux et mélancolique « Slave Markets » sur lequel le groupe a invité Jason Williamson, le chanteur de Sleaford Mods – formation qui a beaucoup joué dans la nouvelle jeunesse de Frustration. « Sleaford Mods est un groupe qui, musicalement et humainement, nous a donné un véritable coup de fouet, explique Fabrice Gilbert (chant). Ça nous a redonné un vrai sentiment de liberté, ça m’a permis de dire vraiment tout ce que j’avais envie de dire dans mes paroles, d’aborder des sujets extrêmement intimes comme des choses beaucoup plus générales, que ce soit au niveau politique ou social. So Cold Streams est, paradoxalement peut-être, à la fois notre disque le plus désabusé, le plus énergique et le plus libre. »

Constat que résume à la perfection la pochette du disque, signée comme toutes les autres par l’artiste peintre Baldo, et qui représente une machine goudronnant une route à travers un champ de blé. Un tableau réalisé il y a plus de 15 ans et qui devait, à l’origine, être la pochette de Full Of Sorrow, le premier album de Frustration. Pour une telle renaissance, on ne pouvait rêver meilleur choix. Surtout que l’image contient à elle seule tout le disque : l’espace, la force, la lumière, la rage et le dégoût aussi. L’envie de tout détruire. De faire table rase. De proposer quelque chose de différent. Un peu plus que de la musique. Un esprit, une idée. Une façon d’envisager le monde.

Lelo Jimmy Batista

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During the 1990s, wherever you lived in France, there was a handful of bands you could see 5 or 10 times a year – sometimes almost by mistake. Bands who played so much, all the time, everywhere, that you would stumble upon them every three months. In the most remote and rural places of the country, they inspired tons of kids to start their own band or fanzine, to go for something different. It was more than just music. It was a spirit, an idea. Something that made you look at the world with a different perspective.

Now the rules have changed. Music no longer has the same importance, the bands we come across 5 or 10 times a year – sometimes almost by mistake – are not the right ones anymore, and the kids from the most remote and rural places of the country have better to do than forming bands or starting fanzines. But the spirit and the idea are still there. And in the last 10 years, in France, no one encapsulated them better than Frustration.

Like all these bands, we’ve seen Frustration on stage 5, 10, 100 times – sometimes almost by mistake. And because we’re not the same either – more informed, more busy, more jaded, less easily impressionable – we all said at one point that we were through with it, that their schtick was definitely getting old. But with each new show, each new record, we went back, full-on. Because the fire was still burning, because the passion was still intact, because they were not pretending to be something that they were not. Because somewhere in most remote and rural places of the country, some kids still need to look at the world with a different perspective.

But still, no one was expecting a record such as So Cold Streams.

At this stage, Frustration could have easily played it safe releasing a record basically identical to the previous one, intense, abrasive, honest but with no risk. They could have continued to fill the venues with no complaints. They could have prepared their slow but inevitable exit. But right from the very first seconds of “Insane”, a humoungous electro-punk monster that wouldn’t have been out of place on an 1988 EBM EP, you realize that things aren’t gonna go as planned. Instead of setting up a comfortable routine, Frustration recorded its fifth album as if it were the first, like a bunch of guys who’ve been playing together for 6 months, who have nothing to lose and a ferocious will to bite.

Of course, post-punk shenanigans is still there (martial drums, elastic bass, hit-and-run guitars), but So Cold Streams is full of a brand new energy, raucous lyrics and full-on audacity. Take a liste to « Brume” is an industrial nightmare with lyrics screamed in French. Or the poppy and intimate “Lil’ White Sister” sounds surprisingly like the Smiths or Echo & The Bunnymen. Or the insane “Slave Markets” on which the band invited Jason Williamson, half of Sleaford Mods – a band that was pivotal in Frustration’s new found youth. “Sleaford Mods is a band that, musically and humanly, gave us a real boost,” explains Fabrice Gilbert (vocals). They gave us a real sense of freedom, it allowed me to really say everything I wanted to say in my lyrics, to talk about extremely intimate subjects as well as much more general things, whether it be political or social. So Cold Streams is, paradoxically perhaps, our most disillusioned, energetic and free record. »

That observation is perfectly summarized by the cover of the record, painted like all the previous ones by french artist Baldo, and which represents a machine tarring a road through a wheatfield. A painting made more than 15 years ago and which was originally intended to be the cover of Full Of Sorrow, Frustration’s first album. For a renaissance, there could have been no better and more emblematic choice. Especially since the whole album is contained within the image : there’s space, strength, light, rage and disgust too. A desire to destroy everything. To make a clean slate. To come with something different. A little more than music. A spirit, an idea. Something that makes you look at the world with a different perspective.