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artist : CANNIBALE

Release date : November 12, 2021
genres : TROPICAL GARAGE
format : CD/LP/DIGITAL
reference : BB149

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CANNIBALE – LIFE IS DEAD

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Un jour, il faudra sérieusement se pencher sur le sujet. Peut-être sortir une étude anthropo-ethno-socio-musicologique. Comprendre comment, depuis un salon de l’Aigle, Cannibale a poli un son à mi-chemin des Caraïbes, de la scène garage de la côte ouest américaine des années 1960 ou du Brésil de Tropicalia. Parce que moi, j’y ai passé quelques vacances dans ce coin de l’Orne, et ça transpirait pas vraiment le soleil et le psychédélisme.

Ces derniers temps, ils ont « appris à ne rien faire ». En ne faisant rien, ils ont composé leur troisième album, Life is Dead. Pas de doute, les influences, le son et le sceau Cannibale sont là et impriment une nouvelle fois instantanément. Et à l’ère du post-tout, ce Life is Dead sonnerait bien comme du post-Cannibale. Mijoté, rongé jusqu’à l’os, tout dans ce disque apparaît plus précis, plus macéré.

Chez eux, il y a toujours cette méthode de travail, aussi libre dans l’expérimentation que mathématique dans sa redondance, et qui tisse le lien entre leurs albums. Tous les jours, dans les embruns botaniques et éthyliques de sa tanière de l’Aigle, Manuel bouine, bidouille des instruments et « dégueule la musique », dans le but de plaire aux copains du groupe. « C’est une musique chaloupé, et à un moment, tu vas forcément commencer à dodeliner du cul » dixit Fabrice Gilbert, chanteur de Frustration, qu’on entend sur le morceau Kings of the Attics, et pourtant davantage habitué aux corps à corps dans les fosses qu’aux passionnés déhanchés.

Cette infusion faite d’instinct et de séduction rejaillit sur la vaporeuse musique du groupe et dans les textes oniriques de Nicolas. Life is Dead s’annonce encore comme un sacré producteur d’imaginaires et de spasmes incontrôlés du bassin et des boyaux de la tête. Prenons cette basse tambour et ces petits coups de canif de guitare sur The Hammer Hits ou le tachycardique Kings of the Attics, autour des tribulations d’un groupe d’ados en répèt’. Un morceau un peu à part, le dernier composé, où Manuel « a pour la première fois l’impression d’avoir atteint [s]on idée de non-mélange entre de la new-wave et de la musique caribéenne. »

Ce disque s’impose aussi par ce rapport au corps toujours plus intense. Au sens de matière et d’aliment sur Savouring Your Flesh, qu’on imagine bien en bande-son d’un festin païen de dessin animé, avec énorme chaudron et petites bulles qui éclatent à la surface quand on y jète les personnages par la cheville. Ou d’objet de désir dans la goûtue complainte Taste Me à l’étiquette made in Morrison. « Comment on mange les autres ? S’embrasser c’est une façon de manger l’autre, le goûter. » Putain ces Cannibale, ils ne respectent rien !

Quitte à ne rien respecter, Nicolas va jusqu’au bout et défie la mort, dans l’absurde, toujours. Tendance trompe-la-mort, purgatoire psychédélique et rigolade avec la lumière blanche en pleine tronche. Le titre d’ouverture ? Deux types qui s’entretuent, à l’infini, sans jamais réussir à terminer le travail. I Don’t Want To Rot ? Le récit d’un corps écrasé sur le bitume, tout ça comme raconté par des fous hébétés à fond les ballons sur une piste de karting. The Mouth of Darkness ? Un titre de nom de groupe de hard-rock, une idée de chanson dessus, un raté qui donne une chanson qui raconte comment la chanson ratée aurait dû être. Et ce titre d’album ? « Life is Dead, c’est complètement con ! » Décidément…

Arrivés en bizuts dans le giron Born Bad à l’occasion des 10 ans, Cannibale s’assoit aujourd’hui, et à une place de choix, à la table des groupes tenanciers du label. Auteurs de concerts complètement frelatés, les Normands devraient continuer avec leurs nouveaux titres à mettre à l’amende toutes les fosses des stades du continent. À l’avenir, pour sûr, ce Life is Dead occupera un chapitre à part dans l’étude anthropo-ethno-socio-musicologique qui leur sera consacrée. Un moment un peu post-mortem de pleine création.

Pour la sortie de l’étude, tablez sur le 6 novembre 2037. Le groupe aura 20 ans, Born Bad 30. De quoi faire encore de belles choses. A l’évocation de cette absurde date, trouvée dans les limbes de leur Bandcamp, le broussailleux visage de Nicolas s’illumine sous des faux airs de George Hayduke, le tempétueux et dynamiteur personnage d’Edward Abbey. Ses yeux fous et malicieux s’écarquillent et dans un sourire carnassier, il s’amuse : « laissons planer le doute. »

Rémi Morvan

//////////////////////// ENGLISH //////////////////////

We’ll have to look into the matter seriously one day. Publish an anthropo-ethno-socio-musicological study, maybe. At any rate, try to understand how Cannibale, from some living room in the Northern France town of L’Aigle, managed to perfect a sound somewhere between the Caribbeans, 1960s West Coast garage scene and Tropicalia’s Brazil. Because I for myself have spent a few vacations around that part of Orne – and it didn’t quite perspire sunshine and psychedelia.

They got into “doing nothing” lately. And while doing so, they’ve put together their third album, Life is Dead. No doubt here: the influence, sound and hallmark are clearly Cannibale’s, once again leaving their instantaneous imprint. In our post-all era though, this Life is Dead could sound like post-Cannibale. Simmered, gnawed to the bone; everything in that record feels more precise and simmered at length.

Their distinct working method, both open to experimentation and mathematically redundant, ties all of their albums together. Everyday, in the alcohol-heavy botanical mist of his den in L’Aigle, Manuel tinkers about, pieces together instruments and “vomits music”, to please the band’s buddies. “It’s a music that rolls and sways; at one point it’ll necessarily get your ass shimming” dixit Frustration’s singer Fabrice Gilbert, who can be heard on the track Kings of the Attics. It’s all the more convincing coming from an habitué of mosh pit close-combat rather than passionate oscillation.

 This infusion of instinct and seduction feeds back into the group’s vaporous music and Nicolas’ dreamy lyrics. Life is Dead is shaping up to be yet another motor for imagination, for out of control body moves and spasms of the brains. Take, for example, the drumming bass and razor-sharp guitar strokes on The Hammer Hits or the racing Kings of the Attics, which recounts the tribulations of a teens’ band on rehearsal. Only one track is a bit of an outsider, the album’s last composition for which Manuel feels he “managed, for the first time, to achieve [his] idea of non-blend between new-wave and Caribbean music.

This record also stands out due to an ever more intense connection to the body. In the sense of matter and food on Savouring Your Flesh, which could be the soundtrack for a pagan feast in a cartoon; massive cauldron and little bubbles bursting at the surface with each new character being thrown in the brew, held by the ankle. Or else as object of desire in the palatable lament Taste Me – recognisably “made in Morrison”. “How do we eat others? Kissing is a way of eating, tasting one another. Damn these Cannibale! They really have no respect at all.

And if they’re going to be disrespectful, might as well go all the way. Nicolas defies death – absurdly, alway: daredevil tendencies, psychedelic purgatory and a good laugh with a white light beaming straight in his face. Opening title? Two guys trying to kill each other, without ever managing to get the job done. I Don’t Want to Rot? The tale of a body crushed on the pavement, like if it was told by madmen racing full blast around a kart track. The Mouth of Darkness? A hard-rock band title, an idea for a track to go along the title, a screwup resulting in a song recounting how the screwed up song should have been. And the album’s title? “Life is Dead, it’s totally stupid!” Oh dear…

Welcomed as rookies in Born Bad’s laps for its tenth anniversary, Cannibale now sits – comfortably so – at the big table of the label’s leading bands. Authors of totally adulterated shows, the Normans are set, with their new tracks, to keep firing up stages around the continent. In the future, for sure, this Life is Dead will have its own chapter in their dedicated anthropo-ethno-socio-musicological study – a somewhat post-mortem moment, in the full flow of creation.

For the study’s release, bet on the 6th of November 2037. The band will be 20 years old, Born Bad 30 – a promise for many great things to come. At the mention of this absurd anniversary date, found within Bandcamp’s Pandemonium, Nicolas’ bushy face lightens up, with an air masquerading George Hayduke – the tempestuous and dynamiter character of Edward Abbey. His wild, malicious eyes widen and so does his mouth in a predatory smile: “keep them guessing

 Rémi Morvan