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artist : CHA CHA GUITRI

Release date : June 26, 2014
genres : Minimal synth wave
format : CD / LP / DIGITAL
reference : BB063

BB063 CHA CHA GUITRI – French Synth wave – St Etienne 1981

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Au début des années 80 Saint Etienne regarde encore vers le futur. Portée par la suprématie de son équipe de football durant la décennie passée, et par le phénomène national qu’ont été « Les verts », la ville semble avoir oublié que son heure de gloire est révolue: les mines de charbon ont fermé et un certain Bernard Tapie vient de mettre la main sur Manufrance, le célèbre catalogue par correspondance, qui vient de déposer les armes après plus de 80 ans de règne sur la fabrication de fusils de chasse et de bicyclettes.

Lorsque l’on a 20 ans  à Saint Etienne en 1981, on se réjouit pourtant de ne pas finir à la mine ou sur une chaîne de montage. Et si l’on a aucun attrait pour le ballon rond, on forme alors un groupe de rock, que l’on baptise Chacha Guitry sur un coup de tête. L’avenir appartient à Serge et Dominique, à Charly et Marie, deux jeunes couples qui se sont connus au lycée et partagent une même fascination pour une certaine utopie moderniste : celle des avants gardes du début du siècle, du Bauhaus, de Mohly Nagy, des films de Marcel l’Herbier (notamment Le Vertige avec ses décors de Robert Mallet-Stevens et ses costumes de Robert et Sonia Delaunay) mais aussi celle des trente glorieuses, de l’age atomique, des arts ménagés, du triomphe de la société de consommation sur la civilisation, des objets sur les hommes, de la ligne claire sur le flou artistique. Une époque capturé avec tendresse et férocité par Jacques Tati.

S’ils ont commencé comme tout le monde à la flûte et à la guitare sèche en écoutant King Crimson, l’arrivée des synthétiseurs dans le paysage musical européen redéfinie complètement leurs orientations : ils se coupent les cheveux, enfilent des cravates, remplacent les tentures indiennes par des rideaux vénitiens. Kraftwerk est passé par là. C’est autour d’un synthétiseur EMS AKS, d’un Roland SH101 et d’une boîte à rythme Roland TR808 que les quatre amis se réunissent dans leur home-studio pour composer ces comptines électroniques et exotiques, insouciantes et joyeuses qui sont la marque de Chacha Guitry. Le groupe choisit ainsi de gravir la face ensoleillée de la New Wave, celle empruntée par les B 52’s ou Isabelle Antena plutôt que sa darkside encombrée par les héritiers de Joy Division. Les garçons programment les machines, les filles créent avec les moyens du bord (du papier plutôt que du tissu) des costumes géométriques et minimalistes. Ensemble ils immortalisent leur jeunesse sur Polaroïd, prennent de la colle et des ciseaux pour assembler des photomontages à la manière de leurs idoles dadaïstes.

De cette entreprise furieusement arty qui a érigé le do it yourself en profession de foi surgissent deux albums prototypes sous forme de cassettes (l’une d’elles insérée dans un cube en plexiglas en forme de glaçon) qui composent un panorama tropical merveilleusement artificiel : la mer est en plastique, les palmiers en contre plaqué, les naïades en silicone. À la place des ukulélés, des morceaux chics et synthétiques de Chacha Guitry : Les yeux rivés sur les beautés d’aujourd’hui, La lumière blanche, Beau rivage, l’Art Nägre, l’avis des animaux (une reprise du Quiet Village de Martin Denny qui servit de générique à l’émission de télé La vie des animaux)… autant d’hymnes à l’amour, à la légèreté et au confort électroménager. Il y aura deux concerts à Saint Etienne et un à Lyon. Face à la difficulté de jouer sur scène, Chacha Guitry embauche un cinquième membre : un magnétophone Revox qui diffuse la bande son pendant que le groupe (spencer et nœuds papillons pour les garçons, robes en papier motif clavier pour les filles) chante et joue des percussions. En 1985 après avoir tenté de conquérir Paris, le groupe se sépare à « Sainté » et sans remords : en regardant le chemin parcouru, ils se sont aperçus qu’ils venaient eux aussi d’inventer les années 80.

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Unless you are a monomaniacal specialist of the 80s, there is very little chance that Cha Cha Guitry will ring any bell. And yet this band, buried away in Saint-Etienne – at the very heart of France – could have rivalled easily with Elli & Jacno or Telex. Emblematic of that French touch which tinged new-wave with a bit of sunshine, their electro, retro-futuristic songs have that slight sweet and sour flavour between casualness and sophistication.

The birth of Cha Cha Guitry in 1981 was a landmark for its members, Serge, Dominique, Charly and Marie. High-school friendships and love stories helping, it is in a most spontaneous way that these art lovers formed their band. Once their hippie phase was over, the guitar, sax and flute were abandoned in the closet while machines took over: an EMS AKS synth, a Roland SH101, a Roland TR808 rhythm-box. The two couples met in the congenial atmosphere of their “home studio” to record their songs. The boys composed and sang, the girls sang and designed minimal costumes, the elegance of which was enhanced by some DIY touches: no need for fabric, paper will perfectly do.

As deceivingly offhanded stylists, the Cha Cha crew carefully crafted a music that was both studied and charmingly quirky, making collages of pop raw materials and avant-garde stuff. Scissors in hand, they took what they wanted from the Bauhaus, Moholy Nagy, or Sonia Delaunay’s dresses, taping these iconic bits onto the sounds of Kraftwerk and what remained of pop culture (comics, movies, songs of the 30s or easy listening). Cha Cha Guitry, wisely ingenious, modelled tropical landscapes out of cellophane, thus elaborating its own synthetic surrealism. We’ll offer as evidence the title “Les Yeux Ouverts sur les Beautés d’Aujourd’hui” (“Opening Our Eyes to the Beauties of Our Days”), borrowed from a handbook about mechanics. “We were aware of the beauties of the decade, both visual and aural. That was the spirit of Cha Cha. It was like living in an inspiring utopia: we were at the wheel of a bubble, driving at full speed through the 80s!!!

The adventure would not last more than a few years, just long enough to record two cassettes on Kronchtadt Tapes (a local label central to the underground scene that was more into punk) and give three concerts. “It was difficult to play our music on stage with studio synths, so we figured out a system in which the fifth member was a Revox. It throned among us on stage, playing the soundtrack as we sang live.

As isolated as they were in Saint-Etienne, they got nevertheless noticed by Alain Maneval who programmed them regularly on Europe 1, and they could even be heard on Radio Gay. So they went to Paris to meet a manager from Virgin, but they never got the luck, rare in those days, to release a vinyl. Their arty, pop style was also too DIY for Agnès B’s freshly opened shop: their second cassette, though wonderfully packed in a Plexiglas case resembling an icicle, was not to the brand’s taste.

Serge has been living in the same flat since 1975 and never got rid of his synthesizer. The studio where Cha Cha would record its songs has not changed a bit. Everything has been kept, ordered, archived, from the piles of magnetic tapes to the hundreds of Polaroid shots. We are happy to offer you a selection of them.

Greetings from Synth-Etienne!