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artist : OLIVENSTEINS

Release date : February 20, 2011
genres : Punk 77 / KBD / French
format : CD / LP / DIGITAL
reference : BB031

BB031 – Les Olivensteins – Fier de ne rien Faire

“JE SUIS FIER DE NE RIEN FAIRE, FIER DE NE SAVOIR RIEN FAIRE

C’EST DUR D’ETRE SI FEIGNANT QUAND ON AIME TANT L’ARGENT”

Haut les coeurs…Si il y’a un groupe punk culte en France, c’est bien les Olivensteins. Avec Metal Urbain, ils incarnent ce qu’il y’a eu de mieux par chez nous.

Le 33t des Olivensteins aurait dû paraître courant 1980, mais ce ne fut pas le cas pour diverses raisons qui sont bien expliquées dans le livret accompagnant cet album qui mélange les trois titres du 45t « officiel » du groupe et toutes sortes d’inédits, maquettes ou enregistrements live, retrouvés dans les archives.

En leur temps (c’est-à-dire de la mi-1978 au tout début 1980), les quatre rouennais (Gilles Tandy, chant, Vincent Denis, guitare, Romain Denis, batterie et Ludovic Groslier, basse) et leur parolier (Eric Tandy)  frappèrent les esprits, d’abord parce que leur punk rock tordu ne se laissait pas enfermer dans les clichés qu’imposait trop souvent le genre, mais aussi parce que certaines de leurs chansons (« Fier de ne rien faire », « Euthanasie papi ») étaient immédiatement identifiables. Pour certains, pendant ou après, elles eurent même valeur de micro hymnes.

 

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21 juin 1975. Olympia, concert de Docteur Feelgood, avec Little Bob en première partie.  Pour les frères Tandy, montés à Paris ce soir là,  c’est la claque…

Il faut dire qu’a  Rouen, leur ville, les concerts de Rock and roll se font plutôt rares.  La faune rouennaise doit se replier sur le Havre situé à 80 kilomètres de là pour pouvoir assister à des concerts de Rock. Les groupes anglais fraichement débarqués des ferry de Calais viennent y amortir leurs frais de voyage avant de descendre sur la capitale.  Les frangins Tandy peuvent ainsi suivre les pérégrinations de la scène pub rock de l’époque, et se délecter des concerts d’Eddie and The Hot rods, Docteur Feelgood et consorts, qui sont alors ce qui se fait de plus violent sur scène.

Bref, un goût précoce pour les concerts bruyant, mais pas vraiment pour les étude à en croire Eric qui quitte rapidement le circuit scolaire pour embaucher chez Mélodies Massacre, disquaire rock and roll du centre ville (Mi 76). Il y débute en bossant les week-ends et mercredi après-midi avant d’être définitivement embauché à plein temps. Quant a Gilles, leur père commercial, étant muté sur Setes, c’est à regret qu’il suit la famille dans le sud.

Mélodies Massacre importe les disques en passant par les labels en direct ce qui est encore rare à l’époque dans un  marché de la musique encore très protectionniste.  En consultant quotidiennement le NME,  et en se référant aux chroniques de Philippe Garnier, correspondant de Rock & Folk aux Etats-Unis,  Eric découvre chaque semaine des groupes plus phénoménaux les uns que les autres. Le magasin multiplie les commandes et œuvre à élargir le spectre sonore du rocker rouennais lambda.  La ville trépignent ainsi au son  des sorties du label Rough trade, et leurs prospections musicales ne connaissent aucune limites (garage punk sixties, musique expérimentale, post punk, etc..).  Le temps où Dominique Laboudée  chanteur des Dogs, arrivait triomphalement en ville avec une copie flambante neuve du single Anarchy in the UK des Sex pistols parait déjà loin fin 77. Eric devient par l’entremise du magasin un véritable passeur. Des caisses du Premier Swell maps, mais aussi des albums de Pere UBU sont ainsi écoulées sur la foi de ses conseils avisés.

Les frangins Tandy s’amuse à faire publier dans l’agenda de Rock&Folk de fausses annonces de groupes, de faux concerts de faux groupes et Eric écrit déjà quelques textes sans véritables arrières pensés. Bref, rien qui ne puissent laisser à penser qu’Eric va devenir le parolier génial qu’on connaît. Enfin, pour l’heure, Eric voudrait que les DOGS enregistre pour Mélodies Massacre un 45t flexible à la gloire du magasin  comme en Angleterre Rhino records l’avait fait avec Wild Man Fisher. Eric écrit ainsi le texte et Dominique Laboudée maquette le morceau (Fin 77) mais l’idée d’un disque auto-promotionnel est rapidement abandonnée pour laisser place à un véritable 45t. Le premier 45t des Dogs, le fondateur et killer « Nineteen »,  voit ainsi le jour.

L’expérience a amusé Eric qui aimerait bien la réitérer. Les Dogs invitent ainsi les frères Tandy à passer à leur local essayer des « trucs ».  Ils enregistrent ainsi pour se marrer un premier morceau « Ce bordel » sur une K7 qui est désormais perdue. Dominique Laboudée y fait du saxo, et Gilles Tandy qui n’a jamais chanté de sa vie, s’essaye au chant.  Rien de bien sérieux pour le moment…

Quelques mois plus tard, à un concert de Johnny Tunders avec les Livind Dead au Gibus (3 avril 1978), Eric remarque la présence dans le public du Docteur Olivenstein en pleine séance d’anthropologie. Il est venu voir la « Bête » pour mettre de l’eau au moulin de sa lutte contre la drogue.  De cette rencontre incongrue nait pour se marrer le nom du groupe.

Souhaitant désormais passer aux choses sérieuses, ils recrutent alors Vincent Denis qui quitte Section Spéciale à la lead guitare et Alain Royer qui officie dans le collectif de graphistes Bazooka sous le pseudo TIRDUR (comme les mines de crayon à papier) à la 2nde guitare. Pour clôturer le line-up, Bertrand « Bitos » Barrette les rejoint alors à la basse.  En Juin 1978, Tout ce petit monde se retrouve à répéter dans la cave de la maison de Dominique Laboudée.  Le groupe chapeauté par Dominique progresse rapidement. Les digressions sonores et  les arrangements électro-bricolo qui viennent enrichir les titres, sont apportés par Vincent grâce à une pédale d’effet qu’il a bricolé, et qu’il met en cours circuit.

Rapidement opérationnel, un premier concert aura lieu au cours d’une soirée privé organisée par des copains psychiatres d’une de leur relation.  Une fête de petits bourges dans la banlieue de Rouen pour commémorer les 10 ans de Mai 68. Les Olivensteins ne manquent pas d’incruster touts leur potes et le concert tourne rapidement au chaos, laissant derrière eux une baraque saccagée par ces jeunes voyous.

A la mi-septembre, les Olivensteins donnent finalement leur premier concert public au Club Saint Pierre, une boite de nuit foireuse à une quarantaine de kilomètres  de Rouen.  Le concert ouvre avec un provocant « Marechal nous voilà » qui fait ricaner le public et la bande de potes, mais fais péter les plombs au DJ du Club. S’ensuit une bagarre entre le personnel de l’établissement et le groupe…

Mais, leur premier concert sur Paris (Septembre 1978), les Olivensteins le devront au désistement des Dogs au Gibus. Ces derniers ont été bookés pour honorer quatre soirées d’affilés, mais Dominique qui fait alors son service militaire n’a pas eu sa permission.  A peine 10 personnes dans le public lors de la première, et un nouveau pugilat.  Leur ingénieur du son (Michel Crogenec) s’est fait défoncer par les videurs du Gibus, et le groupe doit s’enfuir sans demander son reste.

Le mois suivant, les Olivensteins vont de nouveau avoir l’opportunité de jouer dans la capitale. Ils jouent ainsi au Rose Bonbon en première partie des Dogs. Si le premier 45 des  Dogs, avait fait l’effet d’une bombe dans le microcosme rock and roll français,  le premier maxi qu’ils viennent tout juste de sortir vient d’enfoncer le clou.  Bref, c’est le groupe à voir, et toute la presse musicale est présente (Philippe Garnier, Paul Rambali, etc…) pour venir jauger et acclamer le groupe.

Les Olivensteins ouvrent ainsi pour eux, et font (enfin) un bon concert.  Philippe Garnier publiera d’ailleurs un compte rendu élogieux de leur prestation dans les colonnes de Rock&Folk.

Le 12 novembre 78,  les Olivensteins se réjouissent de faire la première partie des Damned au Havre, mais ces derniers sabordent le concert des Olivensteins, en coupant le jack de Bittos (basse) pendant leur set. Pas très classe…

Changement de personnel au sein du groupe au début de 79. Ils prennent ainsi Romain Denis, le petit  frère de Vincent, à la batterie, et Ludovic Grollier, qui bossait au tri postal de Rouen, à la basse. Ils répètent et le groupe se sent désormais prêt pour sortir un premier disque.

Le 20 mars 1979, ils déboulent ainsi à Nogent sur Marne dans la banlieue Est parisienne, pour enregistrer les hymnes « Fier de ne rien faire », et « Negatif ». En fin de journée comme ils leur restent un peu de temps, ils en profitent pour coucher dans la foulée « Euthanasie ».  Session de studio expéditive, les prises de son et le mix n’auront même pas pris 8h00.

Un mois après, le disque est dans les bacs. Le disque pressé à 2000 exemplaires s’écoule très rapidement grâce au soutien inconditionnel  de Patrice Blanc Francart,  et son émission « Houba houba » sur France Inter. Ce dernier estime que c’est le disque de l’année et matraque le morceau « Euthanasie »  tout les jours, pendant 3 mois. Jackie Berroyer  et Philippe manœuvre œuvrent aussi  de leur côté pour imposer le groupe et le disque, en multipliant les articles dithyrambiques au sujet des Olivensteins.

Fin 79, Lionel Ermani, patron  de Melodisc,  essaie alors de les amener plus loin en cherchant un vrai contrat d’artiste dans une major. Les majors cherchent toutes leur Telephone, et les Guilty Razors et Stinky Toys (Deux authentiques groupes punk bien loin de la variété à guitare de Telephone) viennent de signer chez Polydor.  Tout semble alors possible.  Fernandez, le directeur Artistique de chez Barclay paraît même intéressé. Les rendez vous se succèdent, et les pourparlers vont bon train jusqu’à ce que la question de leur nom soit abordé. Faute d’autorisation explicite du Docteur Olivensteins, Barclay exige du groupe de changer de nom. Ces derniers refusent. Fin des négociations et grosse déconvenue pour le groupe, fauché en plein rêve de gloire.

Pour couronner le tout,  le Docteur qui suit de très prêt les pérégrinations du groupe, suffisamment en tout cas pour avoir connaissance de morceaux qu’ils jouaient exclusivement en live,  décide à son tour de s’en mêler.  Il écrit ainsi une lettre au père de Vincent qui est lui aussi psychiatre sur le mode « Cher confrère… » et menace d’intenter un procès au groupe si ils continuent de se produire sous ce nom.

Un statu quo s’ensuit. Ils doivent se résigner à annuler un concert au Palace en décembre 1979 ou ils devaient assurer la première partie des Stiff Little Finger. La polémique est en effet à son comble. Philippe Bouvard, ami du Docteur Olivensteins, a publié quelques jours avant cette date un article d’intimidation pour dissuader le groupe de se produire ce soir là.  Trois jours avant le concert, les stups font une descente au Palace, et mette la pression a Alexis, le directeur artistique du Club, pour qu’il décommande le concert.  C’en est trop, le groupe cède….

Enfin, les Olivensteins se font rattraper par certains de leur propos et provocations que quelques boulets ont pris au premier degré. Ainsi, le morceau sarcastique « Petain Darlant, c’était le bon temps » est appréhendé au pied de la lettre par de nombreux skins facho qui se font de plus en plus présent et voyant aux concerts du groupe. Tout cela est insupportable aux yeux des Olivensteins qui décident de se saborder plutôt que d’accepter une telle promiscuité.

En Janvier 1980, un concert d’adieu est donc organisé sur Rouen à la salle Sainte Croix. L’événement n’a beau être que local, le relais en est national. France inter notamment ne cesse de promotionner la date . Le groupe y triomphe en se produisant devant plus de 1000 personnes venu les acclamer une dernière fois.

Les frères Tandy rebondissent avec d’autres projets (Gloires locales, Les Nouveaux riches, et en solo) mais tout ceci est déjà une autre histoire.