INFOS RELEASES

artist : ROB JO STAR BAND

Release date : June 25, 2013
genres : GARAGE PUNK under ACID
format : DIGITAL / CD / LP + FREE 7"
reference : BB052

BB052 ROB JO STAR BAND “S/t”

STONED PSYCHEDELIA !!!!!
GARAGE punk under ACID !!!!

Official Reissue of one of the WEIRDEST records ever released in FRANCE in the early 70’s.

Fantastic sci-fi spaced out psych with astonishing lysergic fuzz distortions and drenched crazy electronic noise effects. WEIRD !!!

THINK THE STOOGES meet SILVER APPLES meet PIERRE HENRI, meet VELVET UNDERGOUND

Parmi les dizaines et les dizaines de groupes rock qui ont tenté de percer en France dans les années 70, le Rob Jo Star Band est sans doute celui qui tenta une des musiques les plus originales qu’il soit, entremêlant l’hypnotique rythmique du Krautrock aux volontés progressives de la musique seventies. Un combo qui a traversé ses années avec une étonnante discrétion tant peu de choses ont circulé à leur sujet, mais le net, par l’intermédiaire des blogs et des forums de discussion ont redonné une seconde vie à cette légende de l’Underground français.

C’est ainsi que Michel Robert Sahuc, ancien bassiste du groupe, se lance dans l’élaboration d’un site consacré à son groupe héraultais, et a bien voulu nous accorder  cette entrevue afin de revenir sur ses années, nous laissant un témoignage indélébile de cette fantasque épopée. Plongée dans l’histoire de l’Underground français.

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Laurent Bigot : Quelles sont les origines du groupe ? Comment vous êtes- vous rencontrés ? L’un d’entre vous jouait-il déjà dans un autre groupe ?

M.R. Sahuc: Avec Robert Castello, nous habitions à Pérols, un village de la banlieue Montpelliéraine où nous étions voisins et potes depuis  1970. Nous faisions partie d’un petit clan, formé de deux copains du groupe Anars du Lycée Jean Mermoz de Montpellier. Après nos dérives insouciantes au travers de l’irradiation de la garrigue, de l’univers spéléologique des fractures Karstiques  et du désert céruléen et mouvant de la méditerranée, notre révolte adolescente va se tourner vers ce que les techniciens dénommaient alors, de façon parfois pompeuse, de musiques amplifiées, pour nous  essentiellement  le Rock. A cet effet nous avions aménagé un espace de répétition, dans le pavillon de ma mère. C’est là que nous allons acquérir un peu de technique à travers quelques reprises de groupes anglais emblématiques. Ensuite, fin 1971, nous avons rencontré au cours de l’un de nos nombreux petits boulots, le chanteur, écrivain Beat,  Dominique Ottavi, qui venait de s’installer à Montpellier. De retour d’Afrique,  il avait fui les Ayatollahs, des cabarets de la rive gauche parisienne qui lui avaient  conseillé de ne pas : « faire de rock, une histoire de Noirs américains ».

Un groupe informel se forme alors, avec Dominique à la guitare acoustique, au chant et expression vocale, Mohamed Al Tahar aux tablas, Robert à la guitare électrique et enfin moi à la basse. Nous allons  alors nous réaliser  au fond de quelques bars, comme Le Puits du Temple ou de  petites salles, comme Le Poux qui pleure, fréquenté par le milieu estudiantin et marginal montpelliérain, quelques happenings musicaux, à l’aide d’un mélange de chansons, de déclamations de textes, d’improvisations musicales et gestuelles aux milieu de jeux de lumière.  

 À cette époque  le maire, François Delmas, gérait sa ville avec sa bonhomie provinciale et Montpellier connaissait une véritable vacuité culturelle.

Vers la fin de l’année suivante Dominique décidait de partir en Italie afin de voir s’il pouvait y créer une Maison d’édition. Mohamed quant à lui, lourdé de son boulot de comptable retourne au Maroc.

En Novembre 1972 avec Robert, nous décidons de prospecter  parmi les musicos pour former un nouveau groupe. Mais, sur Montpellier, ils étaient surtout branchés baloche ou Jazz.

Fin janvier 1973, nous rencontrons Alain Poblador, un musicien originaire d’Avignon qui avait écumé lors des sixties les scènes musicales provençales. En effet, il était le musicien le plus aguerri de nous tous. Après avoir acheté sa première guitare électrique, une Wandré noire, il créera, en 1961, son premier groupe : les « Blues Stars », avec une chanteuse au pseudonyme de Diana. Ils vont donner quelques concerts sur Avignon, dans sa banlieue proche, et dans les premiers clubs. A la suite de l’appel sous les drapeaux de deux de  ses membres, le  groupe est contraint de mettre fin à sa carrière. De 1962  à 63,  il deviendra, alors, le bassiste des « Silvers Stars », avec qui il donnera des concerts et animera des bals dans la région Avignonnaise.

En 1963, il fondera, « les Ombres », un nouveau groupe qui donna une dizaine de concert.

En  janvier 1964,  il part  faire son service militaire à Marseille. En  septembre 64,  il  reconstitue  les « Silvers Stars ». Suivront des concerts et la qualification pour la finale des groupes du Sud.  On chante, c’est la fête dans son quartier avignonnais. En 1965, les « Silvers Stars » gagnent le concours des formations de twist, ils ont alors beaucoup de succès et donnerons de nombreux concerts. Il  rencontre Gérard Jacquemus, le bassiste des « Chats Sauvages », puis des « Chats Renaissance ». Ils vont devenir amis et se rencontreront très souvent, jusqu’à son décès en 1974.

 A la fin de la même année, deux membres du groupe décideront de s’arrêter afin de poursuivre leurs études. Ce fut l’arrêt des « Silvers Stars ».

En Janvier 1966,  Alain créé  alors  « The Beavers », un groupe  de reprises des The Beatles ,  The Kinks et The Rolling Stones .

C’est au sein de ce groupe qu’il va écrire ses premières compos : « Beavers Théme, Sidonie, Beavers Boum, Day in black,  etc., etc. … ». Ils auront alors un super succès  et une certaine renommée avec à la clef, un contrat d’un an, pour jouer les samedi soir et dimanche, au   Château de Rochegude,  « Le Masque de Fer »,  situé en plein cœur de la Drôme provençale.

En Juillet 1967,  il se maria, avec Marylo et va alors faire un break en tant que musicien de groupe, mais sans arrêter son intérêt aux diverses expressions  musicales et développer ses connaissances musicologiques.

Notre rencontre se fera à  « AréPop », un local de disquaire qu’il  venait d’ouvrir et qui deviendra un lieu de rencontre pour les amateurs de Rock, de la banlieue populaire du Sud de Montpellier. 

Grâce à nos centres d’intérêts musicaux communs, une rapide empathie va se créer  entre nous, Alain Poblador, Roger Vidal, un batteur originaire de Perpignan, Robert et moi.

Le  groupe prend sa première forme, et va se caler musicalement d’abord à l’aide de reprises de groupes anglais ou américains.

En Mai  1973, Alain et moi nous commençons  à composer pour l’un la musique et pour l’autre les textes des chansons, avec parfois pour quelques morceaux l’aide de Robert. Nous étions en pleine période de Glam rock, que l’on appelait alors aussi Rock décadent. Le tryptique de base de notre influence comprenait avant tout, le Velvet Underground, David Bowie et Lou Reed.  Notre philosophie musicale était d’en revenir  à la source d’un rock  psychédélique  à la fois soft et  Trash, simple mais  avec des sonorités expérimentales  qui lorgneraient vers certaines formes de musiques contemporaines et des textes plus intellos. Revenir à une musique populaire, jouissive et provocatrice, loin des sophistications et des technicités du Rock Progressif et de l’Underground français qui se tournaient alors vers les expériences, free Jazz, Canterburyennes ou Zappiennes,   le British pop,  le Prog Symphonique ou même  la  chanson française et parfois même le bal musette.

Une autre problématique traversait les groupes français de l’époque. En quelle langue devait-on chanter, en anglais, en français, en Kobaïen ou en Volapük ?

Notre choix se porta vers l’anglais  en utilisant parfois des jeux de mots franglais et sans chercher à cacher notre ascendance française, ni cacher l’accent  méridional ou exclure totalement le français.

En juillet, nous faisons la connaissance, de Serge Soler, un technicien électronicien et du son, passionné de musique électronique et électro-acoustique qui viendra s’adjoindre à notre groupe. Celui-ci va jouer un rôle important, grâce à la construction de générateurs de bruits qui sont incorporés dans une table de mixage qu’il va baptiser «Waves generators ». Son invention lui permettra d’intégrer des sons électroniques  ou de transformer le son de nos instruments même sur scène. Les ondes  et les effets sonores obtenus étaient plus bruts, plus primaires et moins formatés que ceux que l’on pouvait obtenir à l’époque avec des synthétiseurs de type VCS3, Moog ou ARP.

A partir d’Août, le groupe achète le matériel nécessaire pour monter sur scène. Le groupe Rob Jo Star Band est fin prêt pour son voyage en Underground.

L.B : Pourquoi Rob Jo Star Band ?

M.R. Sahuc: C’est en effet en hommage à David Robert Jones alias Bowie, que nous  avons décidés de nous dénommer Rob Jo Star Band,  que certains de nos méridionaux fatigués appelait  aussi RJSB. Mais comme Rob en anglais veut dire voler,  on pourrait, selon le détournement situationniste  dont j’étais alors friand, de le traduire en  bon français « Voler le groupe musical de la célèbre vedette Jo».

L.B : Aviez-vous dès le départ le même style/son ?

M.R. Sahuc: Il est vrai que lors de nos premières répétitions, notre groupe composé seulement d’Alain dit « Penny »  à l’orgue et au chant, Robert  alias « Chris » à la guitare, Roger dit « Cédric » à la batterie et de votre interviewé, « Mick » à la basse, avait un son bien différent.  Je me souviens que nous reprenions des morceaux des Ten Years After ,  Deep Purple, The Who, The Beatles, The Velvet Underground. Nous sonnions alors plutôt comme un  modeste groupe de Hard Rock Blues, de tendance British.

C’est  avec nos compositions que nous avons décidé  de rechercher une sonorité trash ou noise, d’alterner morceaux soft plutôt Garage à des compositions plus Heavy Psychedelic et de partir en  improvisations destructrices à la Velvet en utilisant un maelström de nappes provoqué par la guitare solo distordu et fuzz et des suites d’effets ou de pets électroniques générés par la machine de Serge. Une espèce d’OVNI Musical où le Velvet Underground aurait rencontré Pierre Henri afin de créer une « Messe pour un Temps présent » pour les désaxés, ou les junkys.

L.B : Avez-vous fait beaucoup de concerts avant l’album ? Dans quel type d’endroits ? Quelle était en général la réaction du public ?

M.R. Sahuc: En Aout 1973, nous nous étions installés  avec l’aval de la propriétaire, en une sorte de petite communauté musicale, dans la partie désaffectée du Mas de Jaumes sur la commune de Lattes qui borde le Sud de la capitale Languedocienne. Á l’exception d’Alain et Marylo qui avec leurs deux fils vivaient en appart’ en ville. Afin de tester notre musique devant un public, c’est dans ce lieu que nous donnions dans un premier temps de petits concerts privés et gratuits qui pouvaient réunir environ entre dix à vingt spectateurs, parfois sans doute plus, et qui s’organisait par le seul principe  du bouche à oreille. Malheureusement, le bruit, de ces mini-concerts, de nos répétitions et l’affluence d’une faune de jeunes bigarrés et bizarres, ne plaisait pas au métayer qui habitait l’autre aile du Mas et notre location ne fut pas renouvelée.

Lors de ces petits concerts gratuits, la proximité entre les musiciens et le petit groupe des spectateurs, favorisait généralement une osmose qui ne génère que peu de critique. 

En parallèle, nous répétions dans le local de « AréPop » où des concerts plus intimistes furent également donnés. 

En octobre et novembre, des producteurs de Maisons de Disques,   s’intéressent à notre musique, en premier, un dandy de RCA, qui  semblait plus séduit par le physique des musiciens que par leur musique, ensuite CBS qui emportera une bande de démos  mais sans suite. Le Troisième fut DOM, un petit Label qui avait été fondé en 1971 par d’anciens membres de la maison de disques Vogue,  et qui s’engagera  à produire un Album Lp  33t  de 40 minutes  de musique environ.

Les événements vont alors s’accélérer. Fin février, nous sommes invités sur Radio France Languedoc-Roussillon, ou nous enregistrons une interview, suivie d’une session de trois morceaux.

En effet, en  ce début de 1974, alors que les effets du Summer of Love et du Jolie mois de Mais’estompaient, que  l’O.R.T.F. supprimait  les émissions Pop 2 et Rokenstock, notre capitale provinciale essentiellement universitaire éveillait enfin son intérêt pour les  agitations musicales novatrices et marginales.

En février, l’Association Culturelle des Sciences de l’Université de Montpellier 2 participait au RÉZO ZÉRO, dont le « Manifeste de Boissy » exprimait la volonté de créer une véritable « Alternative Culturelle  au Show Biz», par un regroupement fédératif de plusieurs associations de programmations musicales françaises.

Dans ce cadre, elle proposera entre le 13 et 30 mars, une sorte  de festival qui  se déroula  en une suite  de six concerts, programmée les Mercredi et Samedi en soirée dans le grand amphi de la faculté des Sciences.

L’ouverture  sera donc réalisé, le mercredi 13 mars, par le concert du groupe de Krautrock, Amond Düll II, puis le samedi 16 Mars, Magma et sa Zeuhl (une surprise grâce à deux dates de concerts annulés lors de   l’U.K. Tour avec le groupe Esperanto), le 20 Mars,  le  Rob Jo Star Band en tant que régionaux, suivit le Samedi 23 du groupe d’Avant-garde CAN (sans Damo), le mercredi 27, le groupe Space Rock Crium Delirum viendra en voisin de son mas communautaire près d’Alès. La série sera close  le 30  par le Free jazz rock Zappien et situationniste de Barricade II – Roquet et ses Lévriers Basanés, le groupe d’Hector Zazou alias « Roquet les belles oreilles » qui vivaient alors en communauté dans la région aixoise.

En effet, ce concert au grand amphi de la Fac des sciences de Montpellier, sera le seul vrai concert important que nous ayons donné avant l’enregistrement de  l’Album chez DOM.

Quant à la réaction du public, après que notre entrée sur scène avec des costumes glitters façon Roxy Music ait déclenché quelques petits quolibets amusés, le concert déclencha une sorte d’ambiance frénétique et joyeuse qui provoquera le striptease improvisé de l’un des spectateurs monté sur scène. Cette énergie était due, bien sûr, à notre musique  abrasive et jouissive où s’entremêlaient  les rythmes binaires,  Garage,  Heavy et Stoned, mais aussi à notre Lights-show. Celui-ci alternaient des projections de disques d’huiles colorées façon hallucinations psychédéliques, des diapositives avec des images du groupe  en  pique-nique au pied du  château de Montferrand, des  lumières stroboscopiques colorées, de la lumière noire qui nous transformait en silhouettes phosphorescentes, un projecteur de poursuite ou «Follow Spot » particulièrement efficace sur le stripteaseur, et l’agitation gymnique de « Penny » avec sa chevelure, tient en roux, coiffé à la Bowie. Le tout  était manipulé par les mains expertes et fantasques de mon ami Claude Vialette  que je surnommais « Ducale ». 

L.B : Faisiez-vous partie d’une scène locale ou étiez-vous isolé des autres groupes ?

M.R. Sahuc: Á l’époque Montpellier c’était la désolation, un vrai désert  pour le Rock et les musiques alternatives, seuls quelques musiciens de bal, comme Gérard Pansanel ou les frères Azéma se tourneront vers le Jazz.

L’apogée musicale sur la ville, c’était la rumba catalane, celles de Manitas de Plata, de son frère Hyppolite et de la famille Baliardo.

 Il y avait eu aussi en fin 1969, début 1970, un éphémère groupe de Jazz Rock du nom de Vélo Rouge.

Pendant la période RJSB (1973 –  1974), nous n’avons eu de contact qu’avec un seul groupe Montpelliérain. Il s’appelait Préhistoire et jouait une sorte de prog symphonique typiquement français assez proche d’Ange. Mais à ma connaissance, ils n’ont rien enregistré. 

Puis un peu plus tard, en 1975, alors que nous avions pris le nom de Keust, Pascal Comelade a sorti sur le Label Pôle son premier LP  « Fluence ». C’est une musique électronique répétitive, à l’aide de boucles influencé par  Terry Riley. Sur l’une de ses plages, il y la participation de  Richard Pinhas, le Guitariste et compositeur d’Heldon. Cette même année, les frères Jean-Pierre et Jean-Claude  Llabador vont créer le groupe de Jazz Rock Coïncidence.

L.B : Tourniez-vous en dehors de votre région ?

M.R. Sahuc: Malheureusement, nous n’avons tourné que dans le Sud de la France. Un projet de tournée française, en première partie de Marcel Zanini, ainsi que notre participation au festival organisé  au  Luxembourg, ne se fera jamais. 

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L.B : Comment est née l’idée de faire un album ?  

M.R. Sahuc: C’était d’abord un projet d’Alain qui voulait transmettre ses idées musicales et son plaisir de la création. Mais, il semblait naturel, dans une époque où l’on pouvait conserver la musique sur un support audio, que l’enregistrement d’un album soit nécessaire afin de laisser une trace, comme auparavant, les auteurs compositeurs conservaient leur travail en le transcrivant sur des partitions. 

L.B : Le résultat est-il ce que vous souhaitiez ?

M.R. Sahuc: Alors là, cette réponse reste épineuse, si je fais une réponse qui tient compte de tous les membres du groupe, j’aurais tendance à répondre « non » ou « pas tout à fait », mais personnellement je répondrai plutôt « oui, bien que… ».

Il est certain que nous voulions faire un album sans concession. Il a été enregistré au studio Lumi-Son de Marignane dans les conditions du direct (live), en refusant tout artifice de surproduction sonore. Nous avions fait le choix de déséquilibrer notre musique par des nappes de la fuzz guitare de Robert et les effets électroniques générés des Waves generators de Serge.

Pourtant lors de la première écoute à la réception du LP vinyl, notre entourage de potes et nous même étions un peu déçu du résultat. Nos potes trouvaient que lors  de nos prestations  publiques et sur nos bandes démos enregistrées sur un Revox, le son était meilleur. C’est vrai. Surtout la face A, la plus soft, la plus Glam, les deux pistes sont étrangement déséquilibrées avec une voix omniprésente et bien sur les nappes de guitare fuzz et les effets électroniques qui surgissent comme un diable de sa boîte. Certain qui n’ont rien compris à nos intentions expérimentales de déconstruction musicale ont parfois vite conclu que ce disque avait été  mixé plus avec le cul qu’avec les oreilles. Dans un certain sens, ils ont peut-être raison, car ce que nous cherchions avec Alain, c’est une musique plus instinctive qu’intellectuelle qui fasse une rupture avec la vague planante et le free rock qui dominaient alors l’underground musical français. Pour ma part, lorsque deux ans plus tard explosait le phénomène Punk, j’ai toujours considéré que nous avions été un groupe français précurseur  et que nous méritions bien notre étiquette de proto-Punk.

L.B : Combien en avez-vous pressé en 1973 ?

M.R. Sahuc: Là, je dois m’expliquer sur la date, bien que l’ensemble des morceaux furent composés dans l’année 73 et que nos démos furent enregistrées la même année. L’album fut enregistré à Marignane le 28 et 29 Mars 1974. L’album  fut donc édité le 1 juin 1974 comme le confirme le Rock&Folk du 6 juin dans ces télégrammes et non le 6 juin 1973 comme je l’ai noté par erreur (cette date correspond aux démos). Il fut pressé à 1500 exemplaires sous le label DOM, réf.  D. 3.001 U.

L.B : On remarque l’influence du Velvet Underground, Lou Reed en tête, et sans doute de Roxy Music : qui d’autre vous influencé ? Etiez-vous familier avec la compilation Nuggets ? Peut-être aussi les groupes allemands comme Can ?

M.R. Sahuc: Oui nous avons, en effet, été fortement influencés  par Lou et le Velvet, mais aussi par David Bowie dans sa période « The Man Who Sold The World » et  « Ziggy Stardust and the Spiders from Mars ». Bien vu aussi pour  « Roxy Music », mais  surtout celui de la période 70 à 73, du premier album  et de  « For Your Pleasure » avec la présence de Brian Eno. Nous étions des fans du travail d’Eno. C’est en son hommage que Serge Soler a pris le pseudo de « Brian ».

Pour les Nuggets, j’ai possédé personnellement cette compil de groupes américains, Garage Psychedelic Rock, des années 60, qui a, si mes souvenirs sont bons, été éditée en 72  par Elektra.  Je me rappelle certains des groupes, bien sûr Nazz formé par Tood Rundgren, The Amboy Dukes qui fit connaitre Ted Nugent, mais aussi The Electric Prunes, The Seeds et surtout The 13th Floor Elevator que je redécouvre encore maintenant. Mais ce ne sont pas tellement ces groupes que nous écoutions. Quant à Alain, il s’était formé à l’école du British Garage avec  les Kinks, Beatles, etc…

Du  côté américain, nous étions plus proches des garages bands New-yorkais comme évidemment le Velvet Underground, puis Television, New-York Dolls ou de Détroit comme Motor City Five aka MC5 et surtout The Stooges et le génial James Newell Osterberg dit « Iguane »,   ensuite “Iggy Pop”. 

Puis, en effet, les groupes Krautrock.  Ils venaient souvent jouer en France. CAN fut fondamental, surtout  son époque 70 à 73, lorsque  Kenji « Damo» Suzuki en était encore le chanteur, mais aussi des groupes comme Agitation Free, Amond Düll II ou Neu !

Enfin pour conclure sur ce sujet, je citerai aussi trois groupes anglais, en premier Hawkwind avec Dave     Brock et le génial écrivain poète britannique Michael Moorcock,  ensuite les deux monstres musicaux  que restent pour moi et aussi pour Serge, Peter Hammill et Van der Graaf Generator ainsi que Robert Fripp et  King Crimson.

L.B : La sortie de l’album a-t-elle changé vos activités ? Plus de concerts par exemple ?

M.R. Sahuc: Dans la vie de tous les jours,  cela  n’a rien changé  dans nos  façons de vivre ou de penser chacun selon nos conceptions. Nous n’avons eu ni  réaction  euphorique intense, ni d’abattement particulier.

Cependant, ce fut après la publication de notre LP, que se déroulerons nos concerts les plus importants.

Il faut préciser que dans les seventies, il n’existait pas, en France, de salles spécialement aménagées pour jouer du Rock et ses expressions progressives ou expérimentales multiples. A l’époque, chez les groupes marginaux ou undergrounds, on appelait la tournée « la Galère ». C’était alors les circuits, des MJC, des petits théâtres de province, des arènes ou parcs d’expo, des clubs. Le plus souvent, nous installions notre matériel  de sonorisation nous-même. Nous étions payés aux entrées et suivant l’audience, les frais de déplacement n’étaient pas toujours couverts. Nos disponibilités était aussi difficiles, car nous n’étions pas des musicos professionnels et nous avions chacun un boulot. 

De plus Robert « Chris » va être appelé au service militaire, ce qui va, pour nous, encore compliquer la donne. Il ne sera d’ailleurs présent  à la guitare solo fuzz, que jusqu’au Concert à la MJC d’Arles du 20 Avril 74.

L.B : Quelles ont été les réactions au disque ?

M.R. Sahuc: Difficile de répondre avec des données objectives. On a déjà évoqué la déception de notre entourage le plus proche. Quant à celle sur le reste de la France ou ailleurs, nous n’en avions à l’époque aucune idée. Le rapport avec le Label DOM avait été rompu, car, ni Robert et moi, avions signé le contrat de cession et d’édition d’œuvre musicale. En effet, nous n’étions pas d’accord avec certaines des closes.

Nous n’avions, donc, aucun retour sur les ventes et n’avons jamais rien touché, ni en royaltie, ni en droit d’auteur.

L.B : Avez-vous fait d’autres enregistrements ?

M.R. Sahuc: En tant que RJSB, nous n’avons rien d’autre d’édité. Nous avons bien enregistré une démo de deux morceaux en Français, «La Cigale» et «le Démon du Rythme » qui intéressait alors Pathé, mais cela ne s’est pas concrétisé.

L.B : Pourquoi le disque est-il ressorti en 1975 ?

M.R. Sahuc: En toute logique, cela doit signifier  que la première édition avait due bien ce vendre. C’est vers 1999, que notre ” album a fait récemment l’objet d’un important battage chez les concessionnaires de LP Records.” Comme le signale  le spécialiste norvégien de Rock Progressif, Dag Erik Asbjørnsen, dans son ouvrage « Scented Gardens of Mind: A Comprehensive Guide to the Golden Era of Progressive Rock (1968-1980) », édité par Borderline Productions en 2000. Mais celui-ci n’en précise pas la date, qui est noté 197 ? 

A la suite de nos recherches sur la raison de la présence sur un grand nombre de sites de vente de LP Vinyl, de 1975 en date d’édition, nous avons découvert que DOM devenu le label Dom 2 avait alors réédité 1000 disques, sous le code D. 3001.

L.B : Jusqu’à quand avez-vous existé ?

M.R. Sahuc: En fait, le Rob Jo Star Band ne sera qu’une étoile filante. Le départ de Robert « Christ », la peur de s’engager dans un projet qui devenait plus sérieux et l’indécision des uns et des autres, vont déterminer le sabordage du groupe RJSB en août 1974. C’est cette brève existence qui va créer, au fils du temps, la réputation d’être l’un des groupes undergrounds les plus énigmatiques de France. Cela explique que l’on retrouve souvent sur le net, la  mention  suivante à notre sujet : – « Même parmi les spécialistes européens de rock psychédélique, Rob Jo Star band,  un seul LP, est quelque peu une énigme ».

Cependant en 1975, nous allons continuer à quatre, Roger à la batterie, Serge passé au synthé, Alain aux guitares et aux chants ainsi que moi toujours à la basse, sous l’appellation de « Keust ». Ce nom, nous l’avions choisi en hommage au morceau le plus expérimental du  RJSB qui s’intitulait Monster Keust. Celui-ci prendra rapidement fin à son tour en fin 1975.

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L.B : Savez-vous que le DJ du Gibus passait parfois votre disque dans les soirées punk à la fin des 70s ?

 M.R Sahuc : En effet, en 1978, j’ai logé quelques mois  à Nogent-sur-Marne. Certains soirs, nous nous rendions en pèlerinage au Gibus. J’y ai rencontré Jiri Smetana, alors le directeur artistique. Je me rappelle que, lors d’une discussion,  je lui  ai cité les noms des groupes auquel j’avais appartenus.  Il avait alors relevait celui de Rob Jo Star Band et me précisa que lorsqu’il était encore  DJ, il passait souvent certains des titres de notre Album. A l’époque, je n’y avais pas accordé d’importance et pensais qu’il avait dit cela pour m’être agréable.

Puis, bien plus tard en 2009, un internaute au prénom d’Antoine de Renne, la cinquantaine passée, m’écrit que le DJ du Gibus avait l’habitude de souvent  passer  entre les années 1974 – 1977 des morceaux du RJSB, en particulier « Loving Machine ».

Mais à l’époque du groupe, nous n’avons jamais été au courant de ce fait.

 L.B : J’imagine que vous avez découvert que votre album a été piraté aux USA l’an dernier : qu’en pensez-vous ?

 M.R Sahuc : En effet, notre Album Lp vinyle, fait le buzz chez les marchands et collectionneurs de Vinyl ou d’Underground Music depuis 1999. Il est distribué aux USA, au Japon et sur plusieurs pays asiatiques et européens. De plus, nos titres sont disponibles sur serveurs libres.

Cependant, la version pirate de la nouvelle édition du Lp vinyl, réalisé  en 2010,  par le label POMME est expédiée  depuis la France.

 Pour moi ce n’est pas un réel problème car je mets en cause l’essentialisme du droit de la propriété intellectuelle, cette sorte de sanctuarisation des auteurs et compositeurs.

Comme pour toute production, l’œuvre artistique est le résultat d’un fonds, venant du monde intellectuel, culturel et du tronc commun des esprits humains ainsi que de son travail de création. L’artiste puise dans ce fonds et, grâce à son action, abouti à  un  nouveau résultat. L’artiste est un producteur, et la création son résultat. Tant que ce producteur n’a pas vendu ou rendu public sa création, il en est incontestablement propriétaire, en tout cas de sa forme. Mais lorsqu’il la rend publique ou la vend, le créateur devrait en perdre la propriété ainsi que  les droits moraux d’usage. Par l’édition ou la vente, l’œuvre devrait tomber dans le domaine public. Il me semble normal,  le transfert du droit d’auteur vers le droit du public, par le fait que l’auteur pour créer son ouvrage, a puisé gratuitement dans le fonds public des idées. L’auteur ne fait que de s’acquitter de sa dette en ajoutant à son tour gratuitement sa contribution à ce fonds culturels. Pour moi, la société  humaine doit en devenir alors propriétaire en tant que patrimoine commun. Il n’y a pas ici de spoliation mais simplement transfert d’un droit individuel et patrimonial à un droit sociétal « universel ». Mais ce droit ne devrait pas être marchandiser afin de générer des profits, autre que sa vente par l’auteur car ensuite elle devrait appartenir à tous.

 Il est donc logique que je sois favorable à ce que des serveurs libres américains et autres balancent nos morceaux en mp3 sur la toile. Personnellement, je ne vois pas ça comme une mauvaise chose. Je  pense que c’est un moyen facile pour découvrir un album et des artistes,  même si la qualité sonore n’est pas  toujours optimale. C’est aussi dans notre cas, une contre mesure face aux frics que demandent les marchands de disques vinyles ou d’Art Underground pour la vente des différentes éditions de l’album Rob Jo Star Band. Je les emmerde.  Ils  monnayent l’Album  sur disque vinyle, comme  un  produit de collection dans le seul but de marchandisation et de profit pour faire plaisir à un milieu de  Snobs soit disant « Underground »; deux espèces  que je méprise et conchie. Les premiers sont des profiteurs qui vendent l’Album,  dont nous avons créés la musique, en le surcotant  et en exploitant la fascination des humains pour la marchandise, ici, comme objet de consommation cultuelle.  Et cela, au mépris du collectif  humain qui est à l’origine de cette création, sans le moindre mot sur leurs identités et sur le pourquoi de leurs démarches.

Pour les seconds, il est tendance, aujourd’hui, de se dire  « Underground » pour pénétrer les meilleures soirées, les meilleurs endroits et fréquenter les personnalités artistiques les plus influentes ou, qu’ils pensent, le deviendront. Mais, n’est pas « Underground » qui veut. On ne l’est certainement pas en possédant l’un de ses objets ou de ses expressions artistiques, ni en fréquentant  ce  soit disant milieu. L’underground,  c’est une façon d’être, une philosophie, une manière d’agir, une vie.

 Pour  rester plus terre à terre et positif, je conclurais par la réponse qu’en donne Alain : « Notre album, sortie aux states, mais c’est super ! Cela me donne envie d’en composer un second. Le peu de reconnaissance que nous avons, nous le devons au téléchargement, alors vous imaginez  quelle peut être notre position sur le sujet ! »

L.B : Que sont devenus les autres membres du groupe ?

 M.R Sahuc : Trois de ces anciens membres vivent comme moi dans la région  Montpelliéraine. Roger Vidal réalise une peinture pointilliste  imaginative, proche de l’art premier des aborigènes,  il pratique aussi la photographie avec comme sujet principal « les vélos excentriques » qu’ils croisent lors de ces voyages et il pratique le Surfing. Serge Soler « Sergio », peint et pratique « l’Art Digital » qui lui serve d’évasion. Il y entremêle tous les styles dans le but de créer ses œuvres visuelles. Il est webmaster  du  site art-sessions.com. Celui-ci, comme l’indique son nom, permet de réaliser des “sessions artistiques” qui englobent aussi bien la peinture, la musique, la littérature, les loisirs créatifs et autres, sans but lucratif. Alain Poblador reste pour toujours un passionné d’arts et de musique, il a aménagé un petit studio « All star band ». Actuellement, il a composé une douzaine de titres dans l’esprit RJSB en anglais et en français, certains en hommage à « Maryline Monroe », ou aux  «  Kennedy »   et d’autres à partir  de textes que j’ai écrits. Il doit passer  à leurs enregistrements.   

Robert Castello habite l’ile de la Réunion où, en tant que guitariste,  il intervient  de temps à autre dans des groupes locaux. Sinon, il essaye de mener à bien un projet d’album. Le style de ses compositions, textes et musique, sont personnelle. Elles font appel à un mélange d’influences blue’s, rock, reggae, parfois un peu jazzy et  latino. Quant à moi,  à la suite de l’échec de la réédition du CD Collector de l’album RJSB, par absence du bouclage financier, j’ai comme projet un livre qui s’intitulera « ROB JO STAR BAND  et l’Underground Musical Français des Seventies ».

Pour  clore sur les groupes de musique Pop-Rock française du milieu des seventies. Je rappelle qu’en règle générale, à l’exception de Magma et d’Ange, ils  ont eu  des existences plus ou moins éphémères. Souvent, peu à peu usée par le manque de soutien d’un public trop enclin à déprécier ses propres groupes par rapport aux Anglo-Saxons ou même  aux Allemands. Par l’insolvabilité des compagnies de disques qui se soucient surtout de rentabilité. Puis aussi, par le manque de soutien des «spécialistes» de la presse qui étaient plus enclins à favoriser les lancements de tendances ou de modes. Cela, au grand dommage des groupes français.

 Enfin, je remercie tous  les RJSB, qui grâce à leurs informations ont permis d’enrichir ici mes réponses.

Entretien mené par Laurent Bigot.

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Where the hell did that one come from? Though early 1970’s French Underground Rock had certainly things to offer, mostly headaches and yawns, it was quiet unexpected to stumble across a truly good album coming out of that scene. As often with those discoveries, we gotta thank the bootleg cosa nostra for this return from the grave. Beside a few collectors and a handful people older than me that knew of them back in the days, Rob Jo Star Band managed to stay under the radar all these years…

It all started in late 1972, in the Montpellier area in the south of France. Michel-Robert Sahuc a.k.a Mick (bass) and Robert Castello a.k.a Chris (guitar) had been friends since 1970, and after a couple of years in a non-formal band, they decided to move on one step further with new accomplices. In January 1973, they met Alain Poblador a.k.a “Penny”. He was from Avignon, had been playing electric guitar for 12 years and had spent the sixties in local bands named Les Blue Stars, Les Silver Stars, Les Ombres and The Beavers. None ever made a record. With Roger Vidal a.k.a Cedric from Perpignan on drums, the original line-up of the RJSB was soon in place. After doing covers to get their act together, Penny and Mick, with occasionnal help from Chris, started writing original material in May 1973. Glam Rock (often refered as “Decadent Rock” in Pompidou’s France) was happening and Bowie, Lou Reed and the latter “old” gang, The Velvet Underground, were RJSB’s muses. “Our musical philosophy was to go back to the roots of Psychedelic Rock, both soft and trash, simple yet with experimental leanings, finding inspiration in contemporary music, with intellectually oriented lyrics. Away from the sophistication and technical aspects of Prog Rock and the whole French underground that was then more interested in Free Jazz experiments – of the Canterbury or Zappa-esque types -, British Pop, Symphonic Prog, or French Chanson, when it was not Musette”. They chose to sing in English, but “in a very French way as we were not trying to hide our French identity, we were decided not to renounce our southern accent either, or even the French language itself”.

In July 1973, they met Serge Soler a.k.a Bryan, a sound and electronic engineer, who soon joined the quartet along with his “Waves Generators” (home-made prehistoric synths which were incorporated in a mix board). He not only added his own noises, but could transform the sounds made by his bandmates, even on stage. They were now thinking of themselves as something like The Velvets meet Pierre Henri, “trying to create some kind of a Messe pour un temps présent for outsiders and junkies”.

In August 1973, they formed a small musical commune in the unused part of a “Mas” (typical French southern countryside house) in Lattes. To test their songs in front of an audience, they used their new home for some free private shows, in front of a dozen of friends, sometimes a little more. The sharecropper living in the other part of the “Mas” did not care for the racket, not to mention the freaks. So, the lease wasn’t renewed. At least, they had another spot where they could practice and give private shows, a place called the AréPop.

In October and November 1973, some A&R men started to show some interest. First a dandy from RCA, unfortunately more focused on the charm of the musicians than on their music. Then a guy from CBS took a demo tape, but to no effect. The third was someone from DOM, a small label created in 1971 by former employees of the Vogue record company. He offered them a one-album deal they couldn’t refuse (though no horse was hurt in the process). In March 1973, they played their first “big” gig. It was a festival that, over a couple of weeks, presented shows by (among others) Amon Düll II, Magma and Can. “We took the stage in glitter suits, à la Roxy [Music], which was the source of a little heckling from the crowd. But the show itself generated frenzy and joyfullness, plus a strip tease from a male audience member. This was the result of our music, but also the light show. Part of it was psychedelic colored oils, there was a slide show with pictures of the band at a picnic at the foot of Montferrand Castle, and strobe lights, black lights, plus a spot light very efficient on the strip teaser and Penny’s acrobatic gyrations, with his red hair à la Bowie. The whole thing was orchestrated by our friend Claude Vialette a.k.a Ducale”.

The band never managed to play beyond the south of France. There were some talk about a festival in Luxemburg and a tour with jazz clarinetist/novelty singer Marcel Zanini (WTF?!). Both plans went nowhere fast.

At least, they did manage to make that album. “It was first Penny’s baby. He wanted to pass on his musical ideas and the pleasure he took in creating. It seemed like a natural thing at time when you could transcribe your music on an audio format to make an album to leave your mark, like earlier some were doing that with musical scores. (…) We wanted an album with no compromise. It was recorded at the Lumi-Son studios in Marignane, live, with no artificial addition to our sound. We had chosen to disturb the balance of our music with layers of fuzz from Chris and electronic touches generated by Bryan’s Waves Generators”. The songs had been written in 1973. The recording itself took place on March 28th and 29th 1974. The album came out on the 1st of June. DOM pressed 1500 copies. The main influences… “David Bowie, his Man Who Stole the World and Ziggy Stardust days. Roxy too, the first three albums. We were big fans of Eno’s work. He was the reason Serge Soler took the nickname of Bryan (…) Penny had been formed at the school of the British scene, with The Kinks, The Beatles, and so on… On the American side, we felt closer to the New York bands like The Velvet Underground and The New York Dolls, or Detroit with The Motor City Five and The Stooges with the brilliant Iggy Pop. Then there was the Kraut Rock scene. Can was essential, their period when Kenji Damo Suzuki was their singer, plus bands like Agitation Free, Amon Düll II or Neu!. I also have to mention three British groups. Firstly Hawkwind with Dave Brock and the inspired poet Michael Moorcock, and two more major acts, big in my book, and Bryan’s, Peter Hammill & Van Der Graaf Generator, and Robert Fripp’s King Crimson”.

Unfortunately, Chris, called by the army to do his one-year of required National Service, had to leave the band after a show at the Arles MJC on April 20th 1974. MJC (stands for “Maisons des Jeunes et de la Culture”) where city youth centers, an inheritance of the left wing riots of 1968. These, along with small provencial theaters and outdoor arenas, were the sites of most of the band gigs as there weren’t much proper rock clubs. It wasn’t easy for bands back then in France, even more for outsiders like RJSB. So it all came to an end by the following August. At least, they had recorded a few more songs as demos, including two in French, “La Cigale” (The Cicada) and “Le Démon du rythme” (Rhythm Demon) that you’ll find here as very special bonus. Pathé did show some interest, but it was another dead end.

In 1975, Mick, Cedric, Bryan and Penny gave it another try, now calling themselves Keust, an homage to RJSB most experimental song, “Monster Keust”. This new project was again over by the end of the year. Now it’s 2012 and RJSB is back on the map. It’s about time!

Laurent Bigot